Voie n° 5 :   SUR-MURISSEMENT DE FRUITS AMYLACES ET TUBERCULES

 

Certaines techniques traditionnelles d'Afrique tropicale et d'Amazonie provoquent le sur-mûrissement de fruits amylacés (banane plantain) et des tubercules (manioc, igname). On procède de même en Asie avec le taro ou l'amidon du palmier-sagou (Bornéo, Java).

 

Le mûrissoir (fosse, auge de bois, tronc évidé, vaste récipient) confine la matière première épluchée, cuite dans le cas des tubercules, et enveloppée de feuilles pour augmenter sa température. Le procédé associe sources enzymatiques endogènes (amylases) et contributions externes des microorganismes présents sur les végétaux et les parois du mûrissoir. Comme pour le maltage, l'homme provoque, accélère puis détourne à son profit un processus biologique naturel (maturation des fruits, décomposition des tubercules). La décomposition enzymatique de l’amidon libère les sucres et provoque leur fermentation alcoolique immédiate. L'ajout de feuilles (bananier, palmes, etc.) dans le mûrissoir garantit la présence de levures.

Le sur-mûrissement procède par hydrolyse et fermentation simultanées. Cette technique se distingue par l'utilisation judicieuse des mécanismes endogènes de décomposition enzymatique propres aux fruits (mûrissement) et aux tubercules amylacés. Il n'est pas nécessaire avec eux de confectionner des ferments porteurs d'enzymes, contrairement aux substrats amylacés pauvres en amylases comme le riz ou le millet traités par la voie n° 3.

Considérant le processus à son point de départ (amylolyse), nous avons bien affaire à une bière de banane plantain. La question se pose pour la boisson fermentée issue de la banane « fruit » (vin ou bière de banane ?).

 

Brassage fruits amylacés (méthode n° 5)

 

 

Les fruits amylacés possèdent leurs propres enzymes saccharifiantes (bananes plantain, graines de caroubier, châtaigne, graines de Pandanus julianettii en Papouasie, etc.). De même pour des tubercules comme les taros, les ignames, le manioc.

 

L’activation de ces enzymes nécessite d’hydrater l’amidon issu de ces fruits ou tubercules, et de les enfermer dans un endroit clos pour laisser la température s’élever. Ceci provoque leur sur-mûrissement.

 

L’activité enzymatique endogène liquéfie et saccharifie l’amidon qui fermente spontanément en présence de levures.

Un homme qui confectionne de la bière de banane dans l'ouest de l'UgandaUn homme confectionne de la bière de banane dans l'ouest de l'Ouganda
Femme vendant la bière traditionnelle de banane appelée Mbege en TanzanieFemme vendant la bière traditionnelle de banane appelée Mbege en Tanzanie
Rwanda local banana beer Haut: un grand marché de bananes en dehors de Kigali, Rwanda. Bas: vendeurs de bière de banane au marché de Muhanga (ancien Gitarama), Rwanda. Droite: bière de banane vendue dans un grand container bleu et régimes de bananes vendus par une femme sur un marché spécial pour les bananes de Kigali, Rwanda.

 

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01/04/2013  Christian Berger