Brasseurs à Vindolanda et dans les cités alentourArticle 7 sur 8 Bière et culture brittone sans soldats romains

7 - Bière et manière de boire au fort de Vindolanda.

 

Une large gamme de denrées alimentaires est attestée dans les tablettes, y compris les céréales, la viande de gibier et d'élevage, de la bière et du vin, les fruits, légumes, herbes et épices. L'importance de la viande de porc conservée est illustrée par de nombreuses références au bacon, jambon et lard. Mais les céréales restent l’aliment de base. Le blé a été utilisé pour le pain (panis) et peut-être aussi pour le puls, une sorte de porridge. L’orge nourrit les animaux et entre comme matière première de brasserie. Les informations données par les tablettes sont complétées par des preuves archéologiques. Les restes de vaches et moutons prédominent dans les os d'animaux retrouvés sur le site, mais leur consommation n'est pas enregistrée dans les tablettes. Le nombre de tonneaux en bois réutilisés comme clôture est grand. La bière doit avoir été importante et boisson ordinaire pour les soldats, même si les soldats de rang supérieur pouvaient préférer le vin.

 

Relief en pierre représentant un banquet funéraire avec un homme et des femmes (Trèves, Musée de Bonn)

 

Beaucoup de documents proviennent de la maison du préfet. Le régime alimentaire n’est sans doute pas représentatif de toute la garnison. Toutefois, les informations limitées sur les simples soldats suggèrent qu’ils avaient aussi accès à certain luxe. Malgré les frais qui reflètent son long voyage vers le Nord-Bretagne en provenance d'Asie, du poivre a été acheté par un soldat qui semble être de rang assez bas. Empereurs et généraux ont toujours privilégié leur armée dans la société romaine, surtout les garnisons postées à l'étranger, sur les limes du monde romain.

Stèles funéraires de légionaires découvertes à Trèves. Inconnu (gauche). Marcus Aemilius Durises, cavalier (droite). Bonn Museum.
Stèles funéraires de légionaires découvertes à Trèves. Inconnu (gauche). Marcus Aemilius Durises, cavalier (droite). Bonn Museum.

 

La lettre du décurion Masclus à son préfet Cerialis montre que les soldats buvaient de la bière très régulièrement, sinon quotidiennement. « Masclus à Cerialis son chef (patron?), salut. S'il te plaît, mon maître, donne des instructions pour ce que tu veux que nous fassions demain. Devons-nous revenir avec l'étendard au (l'autel au?) carrefour tous ensemble ou l'un après l'autre (i.e. par moitié)? … bonne fortune et soit bien disposé envers moi. Adieu. Mes camarades-soldats n'ont pas de bière. S'il te plaît, ordonne d'en envoyer un peu. (Verso) A Flavius Cerialis, préfet, du décurion Masclus » (Bowman, Thomas 2003, 85).

 

Des ustensiles de repas sont mentionnés dans les tablettes et se trouvent parmi les trouvailles archéologiques.

La tablette 194 liste des récipients à manger et à boire : scutulae (plats peu profonds), paropsides (flasques), cotyles (bols à vinaigre), ouaria (coquetiers), calices (coupes) et trullae (bols). Ces récipients étaient en terre cuite, en verre ou en bronze, voire même en argent, tous attestés archéologiquement à Vindolanda. La tablette 196 enregistre différents types de vêtements, y compris des manteaux et tuniques, dont certains sont appropriés pour manger. La vie du commandant de garnison pourrait être affaire de bonne manière autant que de tactique militaire.

La représentation des festins était un motif commun de l'art funéraire romain. Le dîneur est montré couché sur un canapé, avec d'autres meubles et ustensiles à boire et à manger. C'est par exemple la pierre tombale de l'auxiliaire de cavalerie Marcus Aemilius Durises (Bonn, Allemagne).

 

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