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Consulter les esprits pour guérir ou décider d'une action.
« Nos Indiens étant malades, ou voulant aller à la guerre, ou désirant savoir des nouvelles de leurs voisins et d'autres occurrences d'affaires, desquelles ils désirent savoir l'entendement, les plus anciens, ou un seul bien souvent, délibèrent entre eux de faire venir Chemin, et, à cette fin, lui préparent un lit de coton dans le logis où ils désirent qu'il vienne, au pied duquel ils mettent deux grands pleins coys de vin [bière] de patate, qui est de beaucoup plus nourrissant que celui de cassave, et tout proche ledit vin mettent, sur un petit engin fait comme le cul d'un réchaud rompu, un rouleau de pétun en feuille. Et le tout est mis au fond et plus obscur lieu du logis au-dessous d'un petit trou qu'ils nomment tourar, qui est au faîte dudit logis [le trou de case souvent orné d'un plateau suspendu et peint de figures mythologiques] par où ledit Chemin entre, et non par la porte ordinaire, et sort par un autre qui est au bas du logis ras de terre et fort proche de tous les susdits préparatifs, lequel a environ trois pieds de carré et sert à beaucoup d'autres usages comme nous verrons ci-après. » (Moreau 2002, 177).
La bière de patate douce sert d'offrande pour invoquer Chemin, et non la bière de manioc. Il y a peut-être dans ce choix la mémoire d'une plus grande ancienneté de la bière de patate dans l'histoire des peuples Caraïbes. Les rites religieux sont conservateurs. La bière de manioc n'aurait été adoptée ou connue qu'après celle de patate douce. Le pétun est fait d'écorce séchée d'un arbre, roulée en fines feuilles et fumée comme le tabac. Les devins-guérisseurs amérindiens l'utilisent pour se concentrer et communiquer avec le monde surnaturel. Bière de patate et pétun sont réunis sur une sorte d'autel pour appeler Chemin et communiquer avec lui.