Le Mabi devient boisson de 2ème catégorie (18è)Article 15 sur 16 L'oubli moderne du Mabi/Mauby de patate douce

Le rejet du Mabi comme boisson "indigène" (19è – 20è).

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Le 19ème siècle sonne la misère du Mabi. Les documents n'y font que très rarement référence.

La colonisation est un fait accompli. L'émancipation relative des populations noires des Iles et des Guyanes (après l'abolition de l'esclavage prononcée à peu près partout au milieu du siècle) accentue les échanges avec les métropoles respectives des colonies.

Une société coloniale et créole se met en place. Les Amérindiens et leurs boissons font partie d'un passé qu'on veut effacer. L'image de l'amérindien pauvre et mal intégré se durcit. Le mabi et la bière de manioc sont au rang des clichés culturels dont on affuble les quelques groupes caraïbes qui ont réussi à survivre.

Sur place, la culture de la canne à sucre accentue la consommation du rhum. Brasser et boire le mabi sont la marque de l'indigène.

Ce tableau général doit être nuancé. Dans les îles des Antilles et Caraïbes, la société créole domine largement. Les Amérindiens, quand ils n'ont pas complètement disparus, sont totalement marginalisés. Une petite communauté existe encore en 1938 à la Dominique[1].

Dans les Guyanes, colonisées avec moins d'intensité et protégées par la densité et l’étendue de ses forêts, les Amérindiens ont préservé leurs modes de vie. Ils aiment et savent encore brasser leurs ancestrales bières de patate douce. Mais l'image que s'en font l'immense majorité des autres habitants des Guyanes reflète toujours le même dédain. Boire du mabi, c'est pour les créoles et les blancs vivre à la sauvage.

 


[1] Delawarde J. B. 1938, Les derniers Caraïbes. Leur vie dans une réserve de la Dominique, Journal de la Société des Américanistes. Tome 30 n°1, 167-204.

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